Li pont di rosti
Chez les Henry, comme dans de nombreuses maisons du Brouck et d'Otrange, il y avait un chien. Ce chien, surnommé Zwètte, toujours couché au milieu du carrefour, lorgnait les passants d'un œil soupçonneux.
En ce dimanche matin, nous sommes le 24 mars 1912, après la grand-messe, tout est prêt pour accueillir la parentèle. Le plus gros et le plus beau rôti de l'année est cuit à point dans son jus et comme le veut la tradition chez les Henry, il trône dans son plat sur le parapet du pont à la vue de tous et à bonne distance des étables... Attiré par le fumet, le chien l'aurait subtilisé et dévoré en douze bouchées goulues... Godf... lède mâsîe bièsse! Qu'i n'cr...! Les invités et les voisins, attirés par ces cris, accoururent et découvrirent le forfait. Il fallut bien se résigner, et faute de rôti, on sacrifia deux poules... Eh, bè, c'pont là, nos l'oum'rans: li pont dès rosti! |